Didier Arnal-Brezun
Posté le 25/06/2017 à 08h00
Récit de l'UTPMA par Blaise
Blaise, coureur de 50 km sur un 100 km : récit d’un abandon heureux
LA COURSE...
L’UTPMA, Ultra-Trail Puy Mary Aurillac : 105,5 km, 5500 mD+ à faire le tour de la vallée de la Jordanne par les sommets des volcans du Cantal.
Je m’attaquais à mon premier ultra, mes plus longues sorties cette année ayant été un 54 km, 3100 mD+ 15 jours avant (7h20, Saute Mouflons), et un 46 km, 2100 mD+ 6 semaines avant (5h20, Millevaches Monédières Raidlight Trail).
Plus longue distance faite auparavant : ± 70 km (?), ± 3000 m (?), Les Templiers à Nant en 2006 (9h20).
L’UTPMA est une très belle course, la plus belle que j’ai faite depuis les Templiers. Départ du centre d’Aurillac à minuit ; montée de nuit dans les forêts de hêtres, avec la lune qui s’est levée vers 2h30 ; vers 4h30 le chant des oiseaux qui annoncent l’aube ; le jour en bas du plomb du Cantal et les premiers rayons du soleil dans la fin de la montée, puis une succession de chemins des crêtes pour aller de sommet en sommet, depuis le Plomb du Cantal jusqu’au Puy de Chavaroche, en passant par le Bec de l’Aigle, le Puy Bataillouse, la Brèche de Roland, le Puy Mary. Deux descentes dans la vallée pour des ravitaillements dans des villages (Lioran, Mandailles). Entre les km 45 et 65, une bonne moitié de la trace est vraiment aérienne, à faire le tour des sommets qui ferment la haute vallée de la Jordanne avec une vue imprenable sur les Puys du Cantal, sous un ciel bleu immaculé ce jour-là.
Un point que j’ai trouvé très appréciable : si la trace est parfois raide, elle n’est pas « casse-pates » : possible de courir dans les descentes, et non pas à se retenir sur les cuisses à chaque pas dans les cailloux... Donc plutôt confortable pour les pieds, les chevilles – et les cuisses ! Seul bémol : 1 km de traversée nouvellement ouverte, après le Pas de Peyrol, pour éviter la route. Pas de sentier mais seulement un coup de débroussailleuse dans le vallon : rochers sous les herbes, trace en dévers, zones humides et boueuses où entre 2 rochers on s’enfonce jusqu’à la cheville… Mais ce n’est que 1 km, et vraiment pas du tout à l’image du reste du tracé.
Orga impeccable, ravitos sans mauvaise surprise, au contraire (sucré / salé ; eau plate / gazeuse / coca / boisson énergétique ; soupe!), bénévoles comme toujours souriants. Balisage rassurant (en tout cas pour moi ; il paraît que le vainqueur s’est perdu 10 minutes...)
MA COURSE...
Courue avec des bâtons, légers et très fins, avec des dragonnes amovibles, que je m’étais entraîné à sortir et remettre dans le sac en marchant sinon en courant. Dans la pratique, je les ai sortis du sac du km2, et ne les y ai jamais remis… Suffisamment légers et fins pour qu’ils ne me dérangent pas pour courir sur cette trace. Je n’accrochais les dragonnes que dans les montées longues.
Parti calmement, je me suis senti vraiment bien entre km20 et km53. « Base vie » à ce ravitaillement, où l’on pouvait se faire apporter un sac : changement de chaussettes et de T-shirt, crème solaire, lunettes de soleil et casquette en lieu et place de la frontale. Mais j’ai fini par trouver cet arrêt trop long, et n’ai du coup pas pris suffisamment de temps pour me ravitailler.
En effet, je trouve vraiment cela difficile de repartir après les arrêts, de « relancer la machine ». J’ai donc tendance à faire vite pendant les ravitaillements, ne pas m’arrêter trop longtemps. Pour moi, mieux vaut marcher que s’arrêter. Manger un peu (bananes, chocolat, cantal) mais surtout mettre de la nourriture dans les poches (barres, abricots et figues séchés) à manger en marchant / courant. De même boire un peu (soupe ! coca) mais surtout faire le plein d’eau.
Passage en crêtes marqués par un vent fort, qui sur la crête du plomb du Cantal (30 mn?) a vraiment nécessité de se concentrer pour courir. Casquette vite rangée dans le sac...
Ensuite, j’ai eu le sentiment de baisser de rythme, doucement mais régulièrement, jusqu’au km87,6. Et pourtant mon classement ne s’en est pas tellement ressenti : 50ème, 43ème, 47ème, 45ème… Mon rythme baissait donc au même rythme que la moyenne ?
1,5 km avant le ravitaillement du 87,6, j’ai commencé à marcher sur du plat, dans le joli passage aménagé des gorges de la Jordanne. Arrivé au ravitaillement, restaient un peu moins de 20 km en « fond de vallée » (600 mD+) pour rentrer dans Aurillac. 45ème à ce moment, il me restait 11h40 pour faire cette distance : j’aurais donc probablement pu finir « dans les temps » en me forçant un peu plus... Mais je n’avais plus le courage de marcher pendant des heures en poussant sur les bâtons sur du plat : je me suis épargné en abandonnant. J’ai d’ailleurs observé, pendant que j’attendais la navette pour Aurillac, que probablement 75 % des coureurs repartaient en marchant sur le plat.
Reste une bonne surprise pour moi : les jambes ont bien tenu et n’auront pas été le facteur limitant. Jamais senti la proximité de crampes. Courbatures quasi disparues le deuxième jour. Pas de blessure. Seulement, après la course, pendant 2 jours, tension à l’épaule gauche (haut du dos), parfois jusqu’à des petites crampes : crispé sur les bâtons ?
Rétrospectivement, je suis convaincu que cette absence de « niaque » qui m’a fait snober les 20 derniers kms les moins beaux et intéressants, est liée au moins en partie au manque de sommeil. Si je m’étais bien reposé pendant 15 jours depuis Saute Mouflons, j’avais très mal dormi les trois nuits précédant celle passée à courir.
Je me dis aussi que j’aime « courir », « être à l’attaque » (quitte à marcher dans les montées – mais en marchant vite!), plutôt que marcher sur du plat, et que je suis peut-être capable de faire ça sur 50 km, mais manifestement pas sur 100 km.
L’année prochaine, la présence de nombreux coureurs du club dopera ma motivation !
Pour info donc, il y a plusieurs courses disponibles dans le cadre de l’UTPMA : 16 km, 43 km et 105 km.
Mes données de courses :
R1 (17,2 km ; 669 mD+): 79ème 01h48.
R2 (33,7 km ; 1765 mD+) : 58ème 04h28.
R3 (52,7 km ; 2819 mD+) : 50ème 07h42
R4 (63,3 km ; 3751 mD+) : 43ème 10h04
R5 (71,9 km ; 4085 mD+) : 47ème 11h43
R6 (87,6 km, 4845mD+) : 45ème. 14h50
(source livetrail.net)
Cardio entre R2 et R3 : 128 bpm en moyenne ;
Cardio entre R5 et R6 : 113 bpm en moyenne.
Enfin une évidence : le niveau n’était pas le même que sur les 50 km que j’ai pu faire (Saute Mouflons…) : Cori gagne en moins de 12h, le second est à 10 minutes seulement, troisième et quatrième ne sont pas loin. 471 partants : 327 arrivants (le dernier en 26h30), 141 abandons.
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