Didier Arnal-Brezun
Posté le 16/06/2017 à 23h04
Trail des 3 Rocs par Lucie
Trail des 3 rocs, édition 2017… corsée
Voici arrivé ce week-end de l’Ascension, synonyme du Trail des 3 rocs pour certains, d’Euskal pour d’autres, voire les deux pour les érudits... Ce jeudi est annoncé comme étant le jour le plus chaud de la semaine, sans forcément d’acclimatation avant puisque la météo a été relativement clémente en début de semaine.
Eh bien nous y voilà, 8h45 sur la ligne de départ, un balmanais du groupe de JL Duhamel est derrière moi, à part lui, pas une tête connue et beaucoup, beaucoup de jeunes…
3, 2, 1 top ! Le départ est donné dans les ruelles étriquées du village et, tels des jeunes, ils partent comme des dingues. De mon côté, je fais mon rythme pour ne pas me laisser emporter.
A ma grande surprise, à la sortie du village nous ne montons pas sur le Causse par le lôtissement comme je l’avais fais en reco avec le groupe ou deux ans auparavant avec Pierlo. Non, là nous partons vers une côte un peu plus raide mais tout en restant courable et ce sera toute la perversité de cette course. Personne n’a l’air de marcher, je viens de rattraper une fille, donc moi non plus je ne marche pas… Pas pour très longtemps.
1er mur vers le Causse, celui-ci grimpe en épingle dans la pente, quelques marches sont aménagées 80 cm de hauteur sur 30 cm de largeur pentue, mmmm ça réchauffe bien. Tout le monde est en file indienne, un faux pas et nous dévalons la pente. Tout en relançant dans les plats, personne ne semble faire le fier : 160 m de dénivelé pour seulement 700 m linéaires parcourus plus tard, nous rejoignons le Causse que nous connaissons. Jeu de single sur les rochers, petites relances dans les virages et sur les pierres plus hautes mais tout en sachant (enfin je croyais) ce qui m’attend après. Rapidement arrive la descente où nous nous étions éclatés au stage, malheureusement je suis bloquée derrière un coureur avec des écouteurs mais que j’arriverai à doubler à mi descente.
En arrivant en bas, je sais que nous allons faire un peu de route, comme au stage, et je m’y prépare… eh ben non ! Arrivés en bas, nous prenons un passage sur la droite qui remonte sous forme de coup de cul, donc courable… nous longeons un champ avant d’arriver à une ferme que nous traversons avec les 1ers spectateurs, qui m’annoncent 4ème fille… or nous n’avons fait que 4.5 km et cela ne veut rien dire, tout en te mettant la pression.
En arrivant au pied du mur n° 2, que j’essaie de courir un certain temps, un homme m’encourage derrière « Allez Balma » et me marche presque sur les talons, je me retourne pour lui dire de passer, et je découvre Florian, le collègue de Didier qui nous avait accompagné au stage. Puis une femme me double, EN COURANT l’impolie (45 kg tous mouillés faut dire, ça a tout de même son importance) ! Et puis commence une nouvelle complication de 2 km pour 160mD+. J’arrive encore à avancer, même si je pourrais (ou devrais) faire mieux : il en reste encore au moins 5 autres derrière… Je commence quand même à avoir mal aux muscles du vélo (ceux juste au dessus du genou) et les ischios tendus.
La descente me redonne pourtant la pêche, mais bientôt plus d’une heure de course et je n’ai pas du tout envie de manger. Ca y est il fait chaud. Portion de route que je reconnais, bien que maintenant je m’attende à tout. Au bout, des bénévoles nous font prendre un chemin couvert de roches comme je le pensais, pour nous amener à la forêt de Brocéliande, archi sèche cette fois.
Arrivés à l’embranchement où nous n’avions pas fait les 3 km en rab au stage avec Philippe, Thomas et cie, nous le prenons pour entamer une longue boucle de 6km avant d’y repasser : et quelle boucle !
3ième mur dans la forêt, évidemment tout le monde marche dans les côtes désormais. Le sous-bois est humide et parfois nous glissons, en perdant l’équilibre. Les mains sur les cuisses glissent avec la transpiration, mais je garde le nez par terre. Ne pas s’arrêter et ne pas regarder en haut. Celle-là est plus courte, seulement 100m de dénivelé. Sans dire que cela nous repose, ça fait tout de même du bien de revoir le ciel plus tôt. Chaque côte et mur sont suivis de parties courables plus ou moins longues mais je sais que c’est là que les écarts se jouent.
A nouveau nous longeons un champ, les jambes commencent à se dégourdir, lorsque je vois du coin de l’œil des T-shirts de couleur sur ma droite. Je me dis « ah tiens on voit les autres arriver derrière »… ah bah non… c’est ce qu’on doit monter. Je ne m’alarme pas mais ce mur, avant le ravito du 13ème km, a été le plus dur et celui dont je me souviendrai principalement sur cette course.
Un mur à la basque, droit dans la pente, en plein cagnard, du feu dans le dos. Le sol glisse entre la terre sèche et les cailloux du Causse, qui ne nous permettent aucune prise. Il faut repérer les rochers dans le sol sur lesquels mettre les pieds, poser les mains par terre ou s’accrocher aux genêts pour grimper. Une ascension lente et dure car chaque effort ne nous permet par forcément de monter : 1 pas en avant, les ¾ en arrière. Sannnnnssss ffiiiiiiiiinnnnn……. Poser le cerveau, prendre son mal en patience pour arriver au pointage au sommet. « Dossard 377 ». 3 pas à plat et il faut déjà penser à récupérer et débouchonner les pipettes pour les remplir au ravito à 50m.
Je n’y perds pas de temps et je m’engage déjà dans la descente suivante, épingle à cheveux dans les bois, qui nous fait arriver à nouveau dans la forêt de Brocéliande. Je double une fille, mais faut pas lâcher, prendre un peu de mou… nouvelle côte, je mène un groupe malgré moi, jusqu’à ce qu’un coureur derrière moi me propose de prendre le relais. Nous marchons, tant pis, peux plus faire mieux… et je suis sûre qu’à ce stade tout le monde galère autant, alors je prends le risque.
J’aurais peut être préféré rester seule car ce coureur ne va plus me lâcher pendant quelques kilomètres, à parler pour rien dire et surtout des conneries et il y en a un qui sait Ô combien je déteste bavarder quand je suis fatiguée, quand il fait chaud, quand il reste encore 2 côtes et que j’ai une fille au train…
Bref, il est devant moi dans les côtes, et je le force à relancer en haut : « Allez ! » Pas le droit de marcher mon coco, sinon tu restes avec la fille derrière. Un nouveau mur se présente devant nous. Sous-bois humide, accroche pas facile, je cherche une aiguille sur le sol… relancer en haut : « Allez ! ». Cette fois nous partons sur le Causse pour une bonne partie de « plat » que je reconnais et qui devrait nous mener à la cabane en haut du Calvaire. 21 km au GPS, mais je sais qu’il devrait en rester une. Le gars me tchatche « et t’es 1ère fille ? Ah non, et il y en a combien devant ? ah oui… Et c’est bon c’était la dernière côte là ?! « Non il devrait y en avoir encore une ». Et que j’ai bien fait de lui dire ça… Paf il a complètement craqué mentalement et m’a enfin lâché les basques. Mais plus ça va, plus je suis partagée entre le souhait de m’être trompée, qu’il ne reste que la descente du calvaire, et le doute de cette dernière côte qui sera forcément énorme psk les km s’enchaînent …
Nous commençons à revoir des spectateurs « 3 km à peine », il a l’air de savoir ce qu’il dit… mais il ne nous a pas dit, et il a bien fait, que je ne m’étais pas trompée et qu’il restait une putain de côte qui n’en finissait pas… Il fait chaud, les sous-bois deviennent des serres et ne nous rafraîchissent plus, les corps sont en surchauffe, je me dis que Michel Eche est un pervers mais que c’est bientôt fini, que j’aurai joué le jeu en courant au maximum.
En haut, encore une relance, la dernière, allez … je prends un coureur en point de mire devant moi. Beaucoup craquent à cet endroit, moralement, trop chaud, pas prévu autant de dénivelé, j’en dépasse au moins 3 et je garde l’autre en vue parce qu’il réussit à courir encore.
Avec la chaleur et les côtes et descentes successives, je n’ai pas réussi à beaucoup manger, je sens l’hypo qui se pointe, mais je ne veux pas manger au risque d’avoir mal au ventre dans la dernière descente, je sens pourtant la tête qui tourne mais je serre les dents.
Enfin la cabane du Calvaire, tout est dans la tête, je la connais cette descente, ces croix … et je dévale… J’avale aussi 3 autres coureurs dans la descente, je crie « Pardon ! » aux randonneurs qui terminent par le même chemin… J’entends le speaker en bas qui annonce l’arrivée de la 2ième féminine… Mais qu’est ce que c’est ? On m’a dit que j’étais 4, je me suis faite doubler donc 5 puis on m’a dit 6, j’en ai doublée une donc 4 ou 5 et là, il n’y a en que 2 qui sont arrivées… J’arrive en bas, traverse la route, les escaliers « poser les pieds sur les tranches pour ne pas trébucher » et la fin sur la route, je double un autre coureur que j’encourage…
Arrivée sous les platanes « 3 ième féminine ! »… mais non, j’avais pas prévu… une vague de froid, j’ai envie de pleurer, je ne sais pas si je suis contente, mais je suis en surchauffe et épuisée… J’ai envie de pleurer, c’est fini, je suis 3ème…
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